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Campagne du Soldat Charles LATINAUD

9éme Bataillon de Chasseurs à Pied

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Charles LATINAUD est incorporé le 22 avril 1918 au sein du 9ème Bataillon de Chasseurs à Pied qu'il rejoint le 23 avril 1918.


Le 7 avril, l'ennemi exécutait un coup de main à l'effectif d'un bataillon sur la position tenue, à notre gauche, par le 120ème régiment d'infanterie. Nos mitrailleurs contribuaient à l'échec de cette tentative en fauchant deux groupes importants d'assaillants.

Le 13 mai, une partie du bataillon était embarquée à Baleycourt ; le 17 mai, la deuxième partie était embarquée à son tour. On allait vers de nouvelles destinées. Les Allemands, le 9 avril, avaient prononcé leur deuxième offensive : le front des Flandres avait été enfoncé. La patrie était en danger.



La bataille de l'Aisne 28 mai - 5 juin.



Le 18 mai, le bataillon arrivait dans ses cantonnements de repos et d'attente, à Mussey, Wassincourt et Bussy-la-Côte. Le 26 mai, il était embarqué en chemin de fer et, le 27, il arrivait à Estrées-Saint-Denis (Oise) à la pointe du jour. Dans l'après-midi, il était embarqué en camions pour une tout autre destination : on apprenait, en cours de route, que les Allemands venaient de prononcer une troisième offensive dans l'Aisne et quand, le 28, on atteignait le cantonnement du Plessier-Huleu, après un débarquement mitraillé par les avions ennemis, on annonçait que nos lignes du Chemin des Dames avaient été enfoncées.

Le 28 mai, dans la matinée, le bataillon allait prendre position au nord de Hartennes-et-Taux, où il avait pour mission de reconnaître et d'occuper une ligne tracée. On se croyait loin de l'ennemi, mais les reconnaissances envoyées signalaient qu'en avant de nous on n'avait rencontré que des débris de deux divisions engagées au Chemin des Dames, épuisées et sans cartouches.



Combat de Hartennes et Taux.



Le 29 mai au matin, des éléments français, placés en avant du bataillon, se repliaient en combattant. L'ennemi était signalé sur le plateau sud de Cuiry et quelques-uns de ses éléments s'infiltraient dans le bois de Villebain. Les troupes françaises qui nous précédaient se repliaient encore et prenaient place à nos côtés, résolues avec nous à tenir la position.

Le combat s'engageait à 14 heures. Nos feux arrêtaient les patrouilles ennemies et nous faisions un prisonnier. A 18 heures, l'ennemi était sur la position. Une lutte d'une extrême violence, au corps à corps, dans les fils de fer, s'étendait sur tout le front. A notre gauche, aucune liaison, pas de troupes françaises. Nos postes avancés se faisaient tuer sur place. L'ennemi, arrêté ou fatigué, ne renouvelait plus son attaque.

Dans la nuit, le bataillon recevait l'ordre d'aller occuper une position plus en arrière (la position avancée du gouvernement militaire de Paris), en raison de la pénétration profonde de l'ennemi à l'est, où il avait atteint Fère-en-Tardenois. Le bataillon se portait alors sur la ligne : monument - orme du Grand-Rozoy (près du PlessierHuleu) qu'il occupait le lendemain à 6 heures.



Combats du Monument et du Plessier-Huleu.



Le bataillon tenait une position solide. Il était en liaison, à gauche, avec une division repliée ; à droite, avec un régiment de la 4ème division. A 10 heures, l'ennemi attaquait au Monument ; il était repoussé. A 11 heures, notre ligne subissait un violent bombardement. A 14 heures, l'ennemi, à notre droite, prenait pied dans la position. On apprenait en même temps qu'il progressait vers Oulchy : c'était l'encerclement par la droite qui continuait. A 14 h.30, notre compagnie de droite, attaquée avec quelques chars d'assaut et menacée sur son flanc découvert, se plaçait en crochet défensif de ce côté. Mais le commandant donnait l'ordre d'arrêter tout mouvement de repli et ramenait la ligne à sa position primitive sous le feu des mitrailleuses ennemies. A 16 h.45, le bataillon recevait l'ordre d'aller s'établir sur une ligne située plus en arrière, à hauteur de la ferme de Géraménil et d'y rechercher la liaison à sa droite et à sa gauche. Il occupait ses nouveaux emplacements après avoir livré un combat meurtrier pour l'ennemi au village du Plessier-Huleu. A 20 h.40, il était en liaison, à droite, avec le bataillon RICHARD, du 120ème régiment d'infanterie, isolé lui-même du reste de son régiment. A gauche, un village (Billy) où des incendies s'allumaient. Au milieu de la nuit, devant le spectacle des fusées ennemies partant du bois voisin et que l'ennemi lançait à 50 mètres du poste du commandant, un officier à la tète d'une section était envoyé en exploration à notre gauche par où l'ennemi semblait vouloir nous encercler ; il ne trouvait devant lui aucune troupe française.



Défense des passages de l'Ourcq.



Le 31 mai, au lever du jour, le bataillon, composé des débris de trois compagnies et d'une compagnie de mitrailleuses, en liaison à droite avec les débris du bataillon RICHARD, du 120ème régiment d'infanterie, réduit lui-même à une compagnie, isolé à gauche de toute troupe française sur une longueur de 2 kilomètres et demi, attendait l'attaque imminente qu'on avait entendu l'ennemi préparer pendant la nuit. Elle avait lieu de bonne heure. A ce moment, une compagnie du 120ème régiment d'infanterie isolée du reste de son régiment, cherchait à rallier des troupes au combat ; elle était envoyée à notre gauche ; elle bouchait le trou et pouvait assurer notre flanc-garde.

A 8 h.15, le bataillon, aux prises avec l'ennemi, recevait l'ordre de s'établir sur une ligne plus en arrière, à hauteur de Vichel-Nanteuil, pour interdire à l'ennemi le franchissement de l'Ourcq. Le mouvement s'exécutait par échelons successifs, en combattant. Une de nos compagnies était envoyée en flanc-garde sur la droite, entièrement découverte et par où s'étaient déjà infiltrés des cavaliers ennemis. Elle assurait la protection de notre passage au sud de l'Ourcq, puis elle était envoyée en flanc-garde sur notre gauche entièrement découverte, afin de protéger notre installation au sud de l'Ourcq contre un ennemi qui pouvait avoir franchi la rivière de ce côté.

Sur notre front, les passages de l'Ourcq, défendus par des éléments du 18ème bataillon de chasseurs à pied, étaient renforcés par des éléments du 9ème, dont la mission était de tenir jusqu'au bout. Les autres éléments s'établissaient sur la ligne Vichel-Nanteuil - Nanteuil.

A midi 45, l'ennemi était sur l'Ourcq. Nos postes de défense luttaient au corps à corps, se faisant tuer sur place. Submergés, quelques survivants rejoignaient le bataillon après s'être frayé un chemin à travers la ligne ennemie qui les avait dépassés de 600 mètres.

A 15 h.30, deux compagnies ennemies débouchaient de Neuilly-Saint-Front, en arrière et à gauche de notre ligne. Le bataillon était débordé. A ce moment, un régiment nouveau venait de s'installer à hauteur de notre position. Son chef lui donnait l'ordre de s'installer sur la ligne Latilly - Rassy, et le 9ème bataillon couvrait ce mouvement ; dans un beau sacrifice, ses éléments empêchaient l'ennemi de déboucher de Neuilly-Saint-Front.

Le soir, le bataillon recevait l'ordre d'occuper une nouvelle ligne en arrière, au sud de Priez, où il pouvait passer la nuit.



Combats de Priez et Courchamps.



Le 1er juin, le bataillon, réduit à deux compagnies, et une compagnie de mitrailleuses, occupait la croupe au sud de Priez, couvert en avant par des éléments du 120ème régiment d'infanterie. Au lever du jour qui semblait devoir être radieux, pas d'attaque ennemie. Les heures se succèdent. Au loin seulement, derrière nous, une canonnade violente et ininterrompue ; on cherche la direction : c'est Château-Thierry.

A 8 h.15, l'ennemi déclenchait sur tout le front du bataillon un bombardement d'une intensité non encore atteinte les jours précédents ; il prononçait en même temps une attaque en force, mais il était arrêté par le tir des chasseurs qui, avec des éléments du 120ème régiment d'infanterie, offraient une résistance acharnée.

Devant le flot toujours grandissant, nos éléments épars exécutaient les ordres de repli successifs de Priez à Courchamps, où un régiment d'infanterie tenait la ligne. A 10 h.20, le bataillon recevait l'ordre de rejoindre la 4ème division, qui devait se regrouper en arrière et à gauche entre Chézy-en-Orxois, Dammard et Saint-Quentin.

A 16 heures, le bataillon arrivait à Chézy, où l'ordre lui était donné de défendre le village et d'y résister jusqu'au dernier homme.



Défense de Chézy-en-Orxois 1er au 5 juin.



Le village de Chézy devait être défendu par l'effectif restant du bataillon. Mais de Chézy à Vinly (près de 2 kilomètres), qui donc allait boucher le trou ? Par un hasard miraculeux, les éléments du bataillon RICHARD, du 120ème régiment d'infanterie, passaient à 18 heures, en exécution de l'ordre donné. Ils étaient arrêtés, et, avec l'assentiment du général commandant la division, placés à la droite du bataillon. Par un deuxième hasard miraculeux, une de nos compagnies de mitrailleuses, engagée depuis trois jours dans un combat avec d'autres unités, rejoignait le bataillon avec ses douze pièces et ravitaillée en cartouches. Les dispositions étaient prises : Chézy serait défendu, et le village ne serait pas tourné par la droite. On amenait, à la nuit, des munitions avec une hâte fébrile, on ravitaillait même le régiment voisin. Ordre était donné à tous d'arrêter l'ennemi : l'ordre allait être exécuté. L'artillerie manquait, mais on avait des cartouches. Le soir du 1er juin, le bataillon passait sous les ordres de la 73ème division.

Le 2 juin, les Allemands attaquaient à 9 h.20. Ils subissaient un échec complet. A midi 45, des éléments ennemis s'infiltraient à travers bois dans la vallée du Clignon, au sud de Vinly. C'était là qu'était maintenant le danger. Arrêté de front par notre résistance, l'ennemi allait nous tourner par la droite, et pas un élément pour y faire face. On se contentait de surveiller dans cette direction.

A 15 h.30, après un bombardement préparatoire par obus toxiques sur toute notre ligne et particulièrement violent sur Chézy, l'ennemi prononçait une attaque en force. Ses vagues d'assaut étaient fauchées par nos mitrailleuses. Le village, un instant, démuni de défenseurs à la lisière est, tous nos mitrailleurs étant tués ou blessés, était tenu par deux officiers manœuvrant chacun une des pièces. A 20 heures, un bombardement violent recommençait. Personne n'a pu assurer que l'ennemi avait prononcé sa troisième attaque de la journée. La fumée était trop épaisse, le temps trop noir, et le bataillon restait sur sa position.

Le 3 juin, à 4 h.15, après un violent bombardement de toute notre position par obus et minen, l'ennemi se lançait de nouveau à l'attaque depuis la station de Chézy jusqu'à Vinly. Il refluait en désordre en laissant de nombreux morts devant notre ligne. A 9 heures, l'ennemi exécutait un nouveau bombardement par obus toxiques ; puis il se lançait encore à l'attaque : ses vagues d'assaut étaient encore fauchées.

Le 4 juin, le colonel rendait au commandant quelques éléments du bataillon dont il avait constitué une réserve. Ils étaient envoyés à notre droite pour garder la vallée du Clignon : il était temps. On prolongeait la ligne jusqu'à Gandelu. En même temps, les éléments du 120ème régiment d'infanterie étaient relevés par une compagnie de la 73ème division.

A 21 h.45, l'ennemi exécutait un violent bombardement. Mais la résistance que les chasseurs du 9ème avaient faite pendant trois jours avec leurs fusils, leurs mitrailleuses et leur cœur, avait donné au commandement le temps d'amener des canons et des obus. Au moment où les Allemands prononçaient une attaque qu'ils croyaient décisive, un tir d'artillerie serré, violent, réglé, arrêtait net une tentative qui ne devait plus être renouvelée.

Le 5 juin était une journée calme : l'ennemi pansait ses blessures. Dans la nuit, les débris du 9ème bataillon étaient relevés. Ils arrivaient, le matin du 6 juin, à la Grange-Cœuret, fatigués, harassés.

Le 6 juin, le bataillon arrivait à Trocy où il restait jusqu'au 10 juin, occupé à se reformer pour l'âpre lutte qui allait continuer.

Le 9 juin, les Allemands lançaient leur quatrième offensive sur Compiègne. Le 10 juin, le bataillon était envoyé pour organiser ou défendre, si besoin était, une deuxième position aux bords de l'Ourcq. Il occupait Varinfroy et Beauval (Oise) et, jusqu'au 18 juin, il travaillait avec une hâte fébrile à l'organisation de la défense.

Mais sur tout le front de bataille l'ennemi était arrêté ; il piétinait, il était harassé. Si, dans la nuit du 5 juillet,. le bataillon était envoyé en position de rassemblement vers Antilly, c'était plutôt un exercice qu'une alerte ; et jusqu'au 12 juillet il continuait à s'entraîner pour les combats qui allaient décider du sort de la guerre.



La bataille de la Marne et l'offensive victorieuse de la Marne à la Vesle (15 juillet - 8 août).



Le 12 juillet, le bataillon était embarqué à Varinfroy. Il arrivait, le 13, à Saint-Cyr-sur-Morin. Le 15 juillet, dans la matinée, il occupait un emplacement d'alerte au nord du Petit-Morin, à Petit-Villiers, à Boitron et à la ferme du Cas-Rouge. L'après-midi, il était envoyé à Soudan ; mais, en cours de route, il recevait une autre destination et, à la nuit, il était embarqué en camions.

Ce jour-là l'ennemi avait entrepris sa cinquième offensive. Attaquant avec trois armées sur un front de 90 kilomètres, depuis Château-Thierry jusqu'à l'Argonne, il comptait arriver à percer, puis à franchir la Marne, à tomber sur Épernay et Châlons, à boucler Verdun. Arrêté net en Champagne, il parvenait à progresser au sud-ouest de Reims et à franchir la Marne à l'ouest de Dormans.

Le bataillon était envoyé à l'endroit menacé. Débarquant à Margny (Marne), il allait occuper, dans la nuit du 15 au 16 juillet, les villages de Violaines, Romandie et la Boquetterie. Le 16 juillet, il se portait à Le Breuil et le 17 juillet, dans une nuit où la pluie tombait en averse, éclairée seulement par les éclairs de l'orage, dans le fracas du tonnerre qui couvrait le bruit du canon, le bataillon allait occuper une position de soutien à la lisière sud du bois de Rougis.

Le lendemain, dans la soirée, une nouvelle retentissante était colportée, bientôt officiellement confirmée : l'armée française était passée à l'offensive. De l'Aisne à la Marne, deux armées attaquaient (le bataillon était dans l'une) ; l'ennemi, pris en flanc, était déjà enfoncé vers l'Aisne, les villages où le bataillon, en mai dernier, avait laissé beaucoup des siens dans une retraite qu'il avait arrêtée, étaient repris.

Le 18 juillet au soir, le bataillon allait occuper la position de première ligne entre Saint-Agnan et la Verdure (près Évry), où il livrait, le 19, quelques combats de patrouilles.



Combats de Evry et Courthiezy.



Le 20 juillet, une attaque d'ensemble avait lieu pour rejeter l'ennemi dans la Marne sur toute l'étendue du front où le fleuve avait été traversé. A 6 heures, après un bombardement court et violent, nos éléments avancés se portaient à l'attaque, suivis de tout le bataillon. On franchissait les fossés, on escaladait les hauteurs, on entrait dans les bois : plus d'ennemis. Des cadavres d'Allemands, des mitrailleuses et des fusils abandonnés attestaient seulement que l'ennemi venait de quitter la position.

A 7 h.30, on avait atteint le premier objectif. A 11 heures, on avait atteint le deuxième objectif, et une compagnie était envoyée à Courthiézy, aux bords de la Marne, pour en surveiller les passages. L'ennemi ne réagissait que par son artillerie qui semblait s'éloigner de plus en plus. Plus de 400 cadavres de chevaux allemands jonchaient le sol sur le parcours du bataillon. Pendant la nuit, on établissait un passage de fortune pour lancer nos avant-gardes au delà de la Marne.

Le 21 juillet, un élément de tête du bataillon franchissait la Marne, allait s'établir sur la rive droite, poursuivait quelques Allemands et protégeait le travail d'une section du génie. Le soir, le bataillon était relevé et regagnait, dans la nuit, les cantonnements qu'il avait déjà occupés avant l'attaque : Violaines, Romandie, la Boquetterie. Il y restait jusqu'au 23 juillet.

Dans la nuit du 24 au 25 juillet, le bataillon, franchissant la Marne à l'ouest de Courthiézy, allait relever les troupes de première ligne à Tréloup et Courcelles. La marche s'exécutait sous un bombardement par avion.



Combats de la forêt de Ris.



Poursuivant le mouvement en avant, le bataillon, à la droite de la division, lançait, le 25 juillet, ses éléments avancés après avoir relevé les troupes occupantes en les dépassant. Après un combat livré à 0 heures, il atteignait à 11 heures son premier objectif, l'Hérolle. Il faisait six prisonniers.

Le 26 juillet, le bataillon, qui devait poursuivre son mouvement et dont l'objectif était la lisière nord de la forêt de Ris, éprouvait à 9 heures une résistance de l'ennemi. Nos voisins, à droite et à gauche, ne pouvaient progresser. Le 27 juillet, l'ennemi cédait. A 13 heures, le bataillon atteignait son objectif qu'il dépassait. A 18 heures, il était à hauteur de Champvoisy.



Combats du Bois Meunière.



Le 28 juillet, après un combat mené par nos éléments avancés, l'ennemi se repliait à 13 h.20. Poursuivant sa marche, le bataillon atteignait, à 18 h.30, la ferme de la Grange-au-Bois, maintenant le contact sur tout le front avec les patrouilles allemandes.

Le 29 juillet, la division devait attaquer le bois Meunière où l'ennemi, solidement posté, semblait vouloir offrir une sérieuse résistance. Nos éléments d'attaque se portaient à l'assaut : ils étaient fauchés par les mitrailleuses de l'ennemi invisibles, éparses dans un bois touffu. Nos voisins, à droite et à gauche, ne pouvaient avancer.

Le 30 juillet, à 4 h.45, l'attaque était reprise par toute la division. Une demi-compagnie du bataillon parvenait, au prix d'un courage et d'une habileté manœuvrière dignes d'éloges, à prendre pied à la lisière sud du bois Meunière. Elle s'emparait d'une mitrailleuse et de ses servants. A 11 heures, l'ennemi contre-attaquait ; il rejetait notre voisin de gauche à sa ligne de départ. La demi-compagnie du 9ème se maintenait sur la position conquise. A 19 heures, le bataillon étendait son front vers la droite.

Le 31 juillet, l'ennemi, après un bombardement de nuit, cédait le terrain. Poursuivant sa marche, le bataillon atteignait, à 21 h.30, la route Goussancourt - Coulonges.

Le 1er août, le bataillon devait appuyer une attaque partielle de notre voisin de gauche. Il livrait, à plusieurs reprises de violents combats. L'ennemi résistait opiniâtrement au moyen de ses mitrailleuses et en effectuant un violent bombardement par obus toxiques et explosifs.

Le 2 août, l'ennemi était contraint à la retraite. Poursuivant le mouvement en avant, le bataillon franchissait la corne nord-est du bois Meunière où il retrouvait ceux des siens qui étaient tombés devant les mitrailleuses ennemies. A 16 h.45, il était à la lisière nord-est du bois d'Aiguisy (près Vieux-Vézilly).

Le 3 août, le bataillon reprenait la poursuite de l'ennemi. A 9 heures, il atteignait une position fixée entre Longeville et Arcis-le-Ponsart, où des troupes de la division le dépassaient, formant avant-garde. A 20 h.25, en position de réserve, il allait occuper les bois au sud-ouest de la ferme de Puisieux.

Le 4 août, le bataillon se portait dans les bois situés au nord de la ferme de Puisieux et, dans la nuit du 5 au 6 août, toujours en position de réserve, il s'établissait depuis la ferme de Bonne-Maison jusqu'à Courville.



Combats de la rive sud de la Vesle.



Dans la nuit du 6 au 7 août, le bataillon allait relever en première ligne un régiment de la division en position à la rive sud de la Vesle, depuis Vilette (près Fismes), jusqu'à 1.200 mètres est de Magneux. Le 7 mai, en prévision d'un franchissement de vive force de la Vesle, où l'ennemi était bien décidé à résister, nos patrouilles exploraient les bords de la rivière, malgré le feu des mitrailleuses ennemies.

A 17 h.20, l'ennemi déclenchait un violent bombardement, puis, il s'infiltrait sur la rive gauche de la Vesle qu'il franchissait devant notre voisin de gauche, un régiment de U. S. Une contre-attaque menée par une de nos compagnies en soutien rétablissait la situation. Pendant le cours de la nuit du 7 au 8, des reconnaissances et des patrouilles tentaient de franchir la Vesle ; quelques éléments y parvenaient ; ils étaient tués.

Dans la nuit du 8 au 9 août, le bataillon, relevé, se regroupait dans les bois situés aux environs de la ferme de Puisieux. Il allait, le 9, cantonner à Sainte-Gemme (Marne).



Travail et repos.



Le 1l août, le bataillon était embarqué et emmené dans la région au sud de l'Argonne. Il arrivait, le 12, à Vieil-Dampierre et Sivry-sur-Ante, où il restait jusqu'au 12 septembre, associant dans un rapport convenable le repos, l'instruction, les distractions et les concours.



Le secteur de Mesnil-les-Hurlus (Champagne) - 16 au 25 septembre.



Dans la nuit du 13 au 14 septembre, le bataillon se rendait, par étapes, à la Croix-enChampagne. Les 14, 15 et 16 septembre, il allait occuper le sous-secteur Courtine, dans le secteur de Mesnilles-Hurlus. Jusqu'au 25 septembre, on y menait la vie de secteur, de secteur calme, calme de notre part surtout, car l'ennemi, pressentant peut-être l'orage, manifestait son inquiétude par des bombardements intermittents et des tentatives de coup de main. Le 19 septembre, quelques déserteurs ennemis arrivaient dans nos lignes (preuve que l'ennemi craignait notre attaque).

Le 20 septembre, une de nos compagnies exécutait un coup de main dans les lignes ennemies ; ses éléments d'attaque pénétraient profondément : ils trouvaient le vide.

Dans les nuits du 24 et du 25 septembre, le bataillon était relevé par des régiments de la 3ème division et reporté plus en arrière, avec toute la 4ème division. Le secteur allait changer d'aspect. Tandis qu'une artillerie nombreuse s'installait dans tous les ravins et dans tous les espaces libres, les régiments prenaient leur place dans un dispositif connu au dernier moment. La 4ème division, en deuxième ligne, derrière la 3ème division, allait participer à l'attaque de la 4ème armée, en direction générale de Machault, Vouziers, Grandpré.

Le 25 septembre, à 23 heures, un tonnerre d'artillerie éclatait : préparation violente de quelques heures. Et, tandis que le bataillon prenait sa formation de rassemblement à 1 kilomètre au nord-ouest de Laval, dans le fracas du tonnerre des pièces de tous les calibres, on communiquait aux compagnies l'ordre du général commandant la 4ème armée.



La bataille de Champagne - 26 septembre au 13 octobre .



Le 26 septembre au matin, la 4ème armée commençait la bataille qui, le 29 septembre, devait s'étendre sur tout le front depuis la mer du Nord jusqu'à la Meuse.

Derrière la 3ème division d'attaque, le bataillon détachait trois compagnies chargées d'ouvrir un chemin aux chars d'assaut qui marchaient devant la 4ème division. Le reste du bataillon, en réserve de division, marchait en queue de la colonne du centre.

Le 27 septembre, il stationnait vers Mesnil-les-Hurlus et, le 28 septembre, sur les positions des bois du Trident et de la Galoche, conquis par la 3ème division.

Le 29 septembre, il était à l'est de la butte de Tahure, et suivait le mouvement en avant de la 4ème division qui relevait, en première ligne, la 3ème division en la dépassant. Il se portait au bois de la Tourterelle. L'une des trois compagnies chargées d'ouvrir un chemin aux chars d'assaut, avait fait quelques prisonniers, après un combat livré à des Allemands réfugiés dans un abri.

Le 30 septembre, le bataillon stationnait à l'ancien camp allemand de Königsberg (1 kilomètre sud de Manre), et, le 2 octobre, après avoir récupéré les trois compagnies précédemment prêtées, il allait en première ligne relever le 18ème bataillon de chasseurs, entre Marvaux et la Croix-Gilles.

Le 3 octobre, à 6 h.15, le bataillon attaquait en liaison avec les deux régiments de la 4ème division. Arrêtés par le feu des mitrailleuses ennemies postées au bord d'un ravin que notre artillerie n'avait pu atteindre, quelques éléments abordaient les mitrailleuses ennemies et, après une lutte au corps à corps, s'emparaient d'une pièce et de ses servants. L'attaque était reprise quelques minutes plus tard.

Devant la résistance de l'ennemi, il était décidé que la progression serait tentée par infiltration. Cette tentative était exécutée sur un glacis, sans la moindre ride, où tous ceux qui levaient la tête étaient abattus ; elle servait du moins à montrer aux Allemands à quel point l'esprit offensif animait les chasseurs du 9ème

Dans la nuit du 3 au 4 octobre, le bataillon, avec toute la division, était relevé sur ses emplacements. Il allait occuper une position de réserve au bois de la Tourterelle.

Le 10 octobre, la 4ème division, en deuxième ligne, suivait le mouvement en avant de la 3ème division. Le bataillon occupait Manre, puis, le 11 octobre, il arrivait au sud de Liry, retrouvant, à l'ouest de la Croix-Gilles, les corps des chasseurs du bataillon tombés héroïquement à l'attaque du 3 octobre, la baïonnette au canon de leurs fusils, à six pas des mitrailleurs allemands, dont les cadavres gisaient là. Au loin, les troupes de première ligne avaient atteint Vouziers. L'ennemi battait en retraite. Tandis que, le 13 octobre, toute la 4ème division retournait en arrière pour se reformer.

Le bataillon se regroupait au sud de la Dormoise, et, les 14 et 15 octobre, il était embarqué à Gizeaucourt.



Le secteur de Lunéville - 17 octobre au 11 novembre.



Le 16 octobre, le bataillon débarquait à Gerbéviller (Meurthe-et-Moselle) et, le 17 octobre, il arrivait à Marainviller pour relever, dans les nuits du 17 et du 18, les troupes occupant le sous-secteur de Marainviller, dans le secteur de Lunéville. Il y restait jusqu'au 10 novembre.

Secteur calme, troublé à intervalles espacés par les coups de main réciproques, chacun des deux adversaires essayant de connaître les intentions de l'autre. Mais les chasseurs du bataillon n'avaient jamais pensé qu'un secteur calme fût un secteur de repos.

Par une observation constante, par des patrouilles de nuit lancées hardiment, le bataillon se préparait à exécuter tout ordre d'attaque qui pourrait lui être envoyé. Aussi, lorsque, dans la nuit du 5 au 6 novembre, il était chargé d'exécuter un coup de main profond dans les lignes ennemies, il recueillait le fruit de ses études et de son expérience : un groupe de trois compagnies et une compagnie de mitrailleuses à effectifs réduits, pénétrait de plus de 2 kilomètres dans les lignes ennemies ; il bouleversait les organisations, faisait prisonniers 2 sous-officiers et 4 observateurs d'artillerie ennemis. Les groupes d'attaque fouillaient le sol, les tranchées, les abris : pas d'autre ennemi. On apprenait, au retour, que les 16 hommes de la garnison étaient partis en corvée quelques instants avant l'opération.





Charles LATINAUD décède le 25 octobre 1918 à l'hôpital militaire de Saint Dizier (Haute-Marne), de maladie contractée au service, pneumonie droite, muguet généralisé.